Leçon de vie de bureau : Empathie 101
Il y a peu, je vous parlais de mon sympathique collègue informaticien L., celui dont la vie extraprofessionnelle est un tourbillon… de délirante platitude. Ce matin, alors que je suis en train de parler avec un autre collègue, je le sens qui s’approche à mes côtés et me glisse d'une voix aussi geignarde que mystérieuse :
- J’pense que ça t’aurait plu mon truc de samedi.
Je me tourne à peine vers lui, irrité à la fois par son intrusion et cette phrase qui arrivait comme un cheveu sur la soupe, mais surtout exaspéré par sa simple présence, qui est toujours annonciatrice de moments pénibles :
- Moi : Hein ? de quoi tu parles ?
- L. : Le resto, où je suis allé samedi... avec des amis (il insiste sur le mot Amis)
- Moi (pensant : non ! tu vois d’autres gens que ta famille le week-end ? t’as des amis toi maintenant ?) : Ah oui ?
- L. : C’est au coin de Gilford et je sais plus quelle rue…
- Moi : Ah…
- L. : C’est de la bonne cuisine. Moi, j’ai pris du confit de canard. Vraiment excellent.
- Moi : Super.
Le collègue avec lequel je discutais en profite pour lâchement filer à l'anglaise, non sans m'adresser un regard empli de compassion.
- L. : Y avait une table d’hôte à 28$ vin inclus, mais moi je bois pas de vin.
- Moi (plein de sincère désolation) : Ah c’est vrai...
- L. : Mais la patronne a accepté que je prenne un Coke à la place.
- Moi (jouant le soulagement, bien qu’outré qu’on puisse savourer un magret de canard avec un vulgaire Coke) : vraiment sympa de sa part.
- L. : J’crois qu’elle est française d’ailleurs.
- Moi (feignant la surprise devant l’intérêt suscité par une révélation aussi incroyable) : Nooon ?
- L. (un rictus de fierté sur la face) : Ouais, ouais.
- Moi (tout en m’éloignant, conscient que si je ne mets pas rapidement un terme à la conversation, je serai bientôt informé des plats choisis par ses amis d’un soir) : Bon, j’m’excuse L., mais j’suis attendu pour un meeting. Faudra vraiment que tu me donnes l’adresse.
Et bien entendu, un fois installé devant mon écran d'ordinateur, un email de L. avec force de détails (lien internet, adresse, détail des menus, etc) m’attendait. Je sais que tout part pourtant d’un bon sentiment, mais je n'ai encore une fois pas tenu plus de 2 minutes. J’ai encore échoué à mon examen d’Empathie 101. Je promets de travailler fort mais le social, c'est vraiment pas mon truc.
4 commentaires:
T'as jamais pensé à l'inviter à un dîner de cons ?
Pat, j'pense que même pour un tel dîner je voudrais pas l'avoir. Il a l'air plate en ostie ce nerd !
J'suis d'accord avec pat. T'aurais peut-être eu droit à un présent fait à la main (le parlement en cure-dents)...
@ Pat & Sara :
Phil m'a enlevé les mots de la bouche. Je vous assure que vous le voudriez pas autour de votre table pour un repas. Sauf si vous avez de sérieux penchants sado-maso...
Et même pour une maquette du Parlement en cure-dents ou la muraille de Chine en morceaux de sucre, je prendrais pas le risque !
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